jeudi 3 mars 2011
10 mille emplois et 120 entreprises perdus en moins de 2 mois
10 mille emplois et 120 entreprises perdus en moins de 2 mois de révolution, selon des sources concordantes, avec le 1er bilan donné par l’ancien premier ministre Ghannouchi à sa sortie de la Kasbah. Des exportations qui chutent, un secteur touristique bloqué, des IDE presque nuls en janvier, des réserves en devises qui fondent à vue d’œil et une petite inflation maintenue artificiellement par la baisse des prix au détriment d’un gonflement des charges de la compensation, alors que les augmentations incessantes des prix du pétrole et des matières premières ne font que retarder l’échéance fatidique de l’augmentation des prix en Tunisie aussi et bien malgré la Révolution, selon les derniers chiffres de l’INS (Institut National de la Statistique).
Le tableau est peut-être un peu trop sombre du goût de ceux pour qui la révolution est montée à la tête, ceux qui s’indignent qu’on leur fasse peur par les réalités économiques et ceux pour qui le prix d’une révolution n’a pas de limite. Le tableau est pourtant là, et le Conseil d’administration de la Banque centrale le sait bien. Il vient, dans son dernier communiqué, de tirer la sonnette d’alarme «sur les perspectives de la croissance économique nationale pour l’année en cours, sur les équilibres financiers internes et externes et sur les avoirs en devises qui, même s’ils se sont maintenus à des niveaux acceptables, risquent d’accuser une contraction sensible au cours des prochains mois si l’activité économique ne reprend pas son rythme normal dans des délais proches». Une première dans les annales des communiqués de cette institution financière qui connait tous les chiffres, et ceux- là ont la tête dure.
Le même jour, et dans son tout dernier rapport analytique des développements de la situation économique en Tunisie, l’agence de notation Moody’s met d’abord en exergue les «importantes incertitudes qui pèsent sur l’économie » de la Tunisie, avant de lancer, comme les dés d’un sort, que «à la lumière de ces développements, Moody’s prévoit que la croissance PIB réel du pays sera légèrement négative en 2011 ». Pour Moody’s, même ce scénario suppose « une stabilisation de l’économie suivie d’une reprise au cours des trois derniers trimestres de l’année». Pour elle, la croissance n’interviendra qu’à partir de 2013. L’agence de notation internationale ne prédit pas le bonheur après la révolution, pour la Tunisie. A moins que le gouvernement qui sera issu des prochaines hypothétiques ne change l’orientation de la stratégie économique de la Tunisie du libéralisme économique, cette dernière a retenu comme piliers de la croissance économique, les IDE, le tourisme et l’export. Sans cette croissance, point d’emplois. Sans emplois, point de richesses à distribuer.
Pour l’instant, la roue économique et commerciale tourne au ralenti et l’UGTT continue d’appeler aux grèves [la dernière en date, et elle est générale, a eu lieu, mardi, à Gabès]. Effarouchés par les troubles sociaux et les grèves sans fin qui arrêtent production et export, les destructions et incendies des usines et des commerces, pointés du doigt et mis en accusation d’être des voleurs, des parents ou des copains de voleurs, les hommes d’affaires tunisiens sursoient à toute action d’investissement. Réunis, samedi dernier, au siège de l’UTICA, ils demandent avec insistance de sursoir aux prochains rounds des négociations sociales et brandissent toutes sortes de menaces, eux aussi, pour y arriver.
Moody’s met en garde, de son côté et dans son rapport, que «les IDE en 2011 sont susceptibles d’être très faibles et que, jusqu’à ce que la stabilité politique soit assurée, les grands investisseurs pourraient sursoir à leurs investissements».
Pour l’instant et dans cette Tunisie embourbée dans ses problèmes politiques, de sit-in et contre-sit-in, de règlements de comptes médiatiques, de guerres des clans et des pouvoirs, le réel défi de la Tunisie de l’après Ben Ali semble être économique. Ce ne semble pas être la priorité de la centrale syndicale, pourtant unique pivot de la tourmente politique que vit actuellement la Tunisie. Dans une interview accordée le 1er mars par le SG de l’UGTT, Abdessalem Jrad, à Radio Shems, Jrad qui parlait du contenu de son entretien avec le nouveau Premier ministre tunisien Béji Caïed Essebssi, a indiqué qu’il a porté sur des questions propres à « créer une atmosphère de dialogue qui profite au pays et des perspectives politiques, sécuritaires et sociales». Le SG d’un syndicat dont les ouvriers vivent des salaires des entreprises, n’a tout au long de cette interview, jamais évoqué la situation économique, ni la croissance, ni l’export, ni les IDE. Un proverbe arabe disait «après la cuite, viendra l’heure des comptes» !
AfricanManager
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